Introduction à Levitique

 

1°-Le nom et le contenu du Livre. -La troisième partie du Pentateuque, que les Juifs désignent d’ordinaire par le nom de Vayykera' (« Et il appela », le premier mot dans le texte hébreu. Voyez l'introduction au Pentateuque, p.15), a été très convenablement nommée Lévitique dans le canon chrétien (Leviticus (scil. liber)), puisqu’elle traite du culte, des sacrifices, des fêtes, des différentes espèces de purifications et de plusieurs autres sujets analogues : toutes choses qui concernaient d’une manière intime et immédiate les prêtres, membres de la tribu de Lévi. Au reste, les rabbins eux-mêmes emploient parfois les dénominations semblables de Torat kohânim, Loi des prêtres, et de Séfer torat haqqarbonôt, Livre de la loi des offrandes.

Le Lévitique ne raconte que deux faits historiques proprement dits: l° la consécration d’Aaron et de ses fils, suivie du châtiment terrible de Nadab et d’Abiu (chap. 8-10); 2° la punition du blasphémateur (24, 10-23). Il diffère notablement, sous ce rapport, des livres de l’Exode et des Nombres, dont les pages ne sont pas moins consacrées à l'histoire qu’à la législation. De plus, nous venons de l’insinuer en parlant de son nom, les lois qui le remplissent ont un caractère spécial, constamment religieux, et sont surtout relatives à la vie spirituelle de la nation théocratique. Le Lévitique renferme donc la partie la plus relevée de la législation du Sinaï; aussi l’a-t-on justement défini: « le code de l'organisation religieuse d’Israël en tant que communauté de Jéhovah. » Toutes les prescriptions qu’il contient tendent à établir entre le Seigneur et son peuple l’union la plus étroite.

2° Plan et division. — Moïse, le rédacteur inspiré, se borne à exposer les divines instructions du Lévitique, selon l’ordre d’après lequel Jéhovah les lui communiqua; mais cette suite historique et chronologique coïncidant fort bien avec la nature même des choses, des groupes de lois, par conséquent des divisions et subdivisions du livre, se forment de la façon la plus naturelle.

Deux parties: l° comment Israël, s’approchera de son Dieu, pour inaugurer avec lui les relations d’intimité en vue desquelles il a été mis à part entre tous les peuples (chap. 1-16); 2° croissance perpétuelle d’Israël dans la sainteté, afin de resserrer chaque jour ces liens sacrés (chap. 17-27). La première partie, se subdivise en trois sections: 1es sacrifices (chap. 1-7), les prêtres (chap. 8-10), le pur et l’impur (chap. 11-16). Deux sections seulement dans la deuxième partie: la sainteté personnelle dans les différentes circonstances de la vie de famille et de la vie sociale (chap. 17-20), la sainteté du culte (chap. 21-27) (voir des divisions plus complètes dans le commentaire et dans notre Biblia sacra.)

3° Importance du Lévitique. — Elle ressort soit du but direct et immédiat du livre, soit de son but indirect, quoique principal.

Le but direct, c’est la sanctification de tout Israël, collectivement et individuellement. Les détails sont nombreux, minutieux; mais tout est grand, quand il s’agit d’un tel sujet. Notez surtout les passages suivants. Sainteté du culte: 2, 3, 10; 6, 17, 25, 29; 7 , 1, 6; 10; 12,17;14, 13;16, 4, etc. Sainteté des prêtres: 21, 6-8, 15, etc. Sainteté de la nation : 6, 18, 27; 7, 21; 10, 3, 10; 11, 43-45; 15, 31; 18, 21 19, 2; 20, 7, 20, etc.

Le but indirect, mais principal, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’il faut voir sous chacune des prescriptions du Lévitique. Exemplar et umbra cælestium, dit saint Paul (Hebr. 8,5. Voyez les chap. 9-10 en entier). In promptu est Leviticus liber, écrit pareillement saint Jérôme (Epist. Ad Paulin), in quo singularis sacrificia, imo singulæ pene syllabæ, et vestes Aaron, et totus ordo Leviticus, spirant cælestia sacramenta. Saint Thomas d’Aquin tient un langage identique: Sic igitur rationes præceptorum ceremonialium Veteris Legis dupliciter accipi possunt : uno modo ex ratione cultus divini, qui erat pro tempore illo observandus... Alio modo possunt eorum rationes assignari, secundum quod ordinantur ad figurandum Christum (Summa theol., 1a 2ae, q. 102, a.2. Cf ibid., a.3 et 6.). Mais, si les moindres traits prophétisent le Christ, ils prophétisent aussi la sainteté de son royaume, de ses sujets, particulièrement de ses prêtres, et avec cette différence que la sainteté d’Israël était surtout extérieure et légale, tandis que celle du Nouveau Testament l'emporte immensément par son caractère spirituel, intérieur. Cf. Matth. 5, 17-48; S. Thom., Summ. theol., 1a 2ae, q. 102, a.2)

4° Livres à consulter. — S. Augustin, Quæstiones in Leviticum; Théodoret, Quæstiones in Leviticum; les commentaires de Calmet et de Cornelius a Lapide; l’explication récente de M. Crelier (Paris, 1887), basée sur les meilleurs travaux anciens et contemporains; F. Vigouroux, les Livres saints et la critique rationaliste, t. 3, pp. 146 et ss., 616 et ss.